C’était l’hiver. Qui disait hiver disait neige, et qui disait neige disait froid.
Dès que la jeune femme respirait, une fumée blanchâtre s’échappait de son nez. Ses pas laissaient des traces sur l’épaisse couche de neige.
Momo était là, marchant dans les rues de la ville enneigée, aux côtés de ses parents et de l’un de ses trois chiens, celui qui adorait la neige, son Husky sibérien. La petite famille était couverte de bonnets, d’écharpe, de gants et de gros manteau pour se protéger du froid. Skadi, quant à elle, gambadait dans la neige qui laissait les traces de ses pattes.
La chienne reniflait tout ce qui tombait sous son museau, que cela déplaise ou non à ses maîtres.

- Ça fait longtemps qu’il n’a pas neigé comme ça, remarqua Momo.
- C’est vrai, acquiesça son père.
- Nous devrions rentrer, il commence à se faire tard et nous avons terminé nos courses, fit la femme de celui-ci.
- Bonne idée, je me sens d’humeur à cuisiner ce soir.
- Ouais ! Papa va nous faire sa spécialité !
- Calme-toi ma chère, soupira-t-il, amusé.
- Mais, ça fait tellement longtemps que tu ne nous a pas fait ta cuisine japonaise…
- Je sais, Momo…

Ils discutèrent de tout et de rien jusqu’à ce qu’ils arrivent près d’une ruelle. Là, Skadi aboya.

- Skadi, qu’est-ce qu’il t’arrive ? demanda le chef de famille.
- Elle a vu quelque chose, j’ai l’impression…

Momo laissa Skadi avancer en la suivant. Elle laissa la chienne s’enfoncer dans la ruelle près d’une forme noire. Momo s’accroupit pour mieux voir ce qui faisait aboyer Skadi. C’était une personne adossée au mur. La jeune femme comprit ce qui dérangeait son Husky, l’odeur de la cigarette qui planait autour de lui. Parce que Momo reconnu cette personne comme étant un jeune homme de son âge. Mettant une main devant son nez pour inspirer le moins possible cette odeur désagréable, la demoiselle tendit sa main vers le front de cette personne qu’elle dégagea des mèches de cheveux qui le cachaient. Il avait les yeux fermés, comme mal en point à cause du froid. En y regardant de plus près, Momo crut le connaître. Elle retira sa main et ses soupçons se fondèrent.
Elle avait déjà entendu parler de lui ; quelqu’un qui fumait, se droguait et bien d’autres rumeurs à son sujet. Lawrence de son prénom. Elle l’avait croisé quelques fois dans les couloirs du lycée et à chaque fois elle sentait cette odeur de cigarette quand elle passait à côté de lui.

- Momo, qu’est-ce que tu fais ?
- C’est quelqu’un de mon lycée, expliqua-t-elle.
- Oh, ça veut dire quelque chose ça…
- On peut le ramener à la maison ? demanda la jeune femme.
- Je m’en doutais !
- Mais maman, on ne peut pas le laisser comme ça dans le froid !
- Nous ne pouvons pas ramener chaque personne qui dort dans la rue chez nous…
- Je sais mais… commença-t-elle en se relevant et en s’approchant de ses parents. J’ai entendu dire que ses parents l’obligeaient à dormir dans la rue… chuchota-t-elle.
- Très bien, mais tu t’occuperas de lui toute seule, céda sa mère en soupirant.
- Merci ! Papa, tu veux bien le porter ?

Celui-ci s’approche du blond pour l’examiner. Le pouls du jeune homme était très lent, il n’aurait certainement pas la force de se lever et de marcher. De plus, sa respiration régulière semblait indiquer qu’il était dans une phase de sommeil léger. Il tendit les sacs de course à sa femme pour s’accroupir devant le jeune homme. Momo put l’aider à le mettre sur son dos.

- C’est parti, annonça le père.

Et ils se mirent en route.
Le père de Momo ne montra aucun signe de faiblesse pendant tout le trajet. Momo observait le blond pour voir s’il allait bien.
Lorsqu’ils arrivèrent chez eux, Ellana, la mère, ouvrit la porte, laissant son mari et sa fille filer à travers l’entrée et les escaliers jusqu’à la chambre de la jeune femme. Momo laissa son père poser Lawrence sur son lit puis enlever son manteau alors qu’elle fermait ses rideaux.

- Momo, tu peux aller chercher des vêtements dans mon armoire, s’il te plait ?
- Je reviens tout de suite.

La jeune femme alla dans la chambre de ses parents, ouvrit l’armoire de son père et chercha des vêtements faciles à mettre. Elle tomba sur un jogging et un t-shirt. Elle les prit et retourna dans sa chambre. Elle fut surprise de découvrir des cicatrices dans le dos du blond qui était allongé sur son lit.

- Tiens, fit son père en lui donnant les vêtements trempés de Lawrence.

Il prit ensuite les vêtements que lui apportait sa fille puis entreprit de rhabiller le jeune homme. Momo quant à elle, quitta la pièce pour la buanderie où elle mit les vêtements dans la machine à laver.
Elle remonta dans sa chambre où elle retrouva son père qui venait de mettre le jogging à Lawrence.

- Va faire la cuisine maintenant, je devrais m’en sortir, dit-elle.
- D’accord, ne fais pas de gestes  brusques, la conseilla-t-il en retour.

Elle acquiesça et s’assit sur son lit, à côté du blond torse-nu. Elle ne put s’empêcher d’effleurer les cicatrices du bout des doigts en se demandant ce qui avait bien pu se passer. Elle attrapa ensuite le t-shirt qu’elle avait ramené et réussit tant bien que mal à le mettre au blond, toujours endormi. Elle avait senti sa peau glacée en lui mettant le vêtement. Elle mit le jeune homme sous sa couverture pour le réchauffer et le laisser dormir tranquillement.
Même si elle ne le connaissait pas beaucoup, elle se sentait presque obligée de faire quelque chose pour lui. Elle soupira, puis posa sa main contre le front du blond d’un geste presque maternel. Comment pouvait-on laisser son enfant dormir dehors en plein hiver ?

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